Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/71

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Car pendant tout le mois, alors que dans les champs
Tu marchais respirant la vivace aventure,
J’allais d’un air plus grave et plus lent, et penchant
Mon désir vers la terre âcre, savante et mûre.

Je sais tous les secrets des plantes et des eaux.
La feuille dentelée et le bruit de la source
Sont entrés dans mon cœur aux merveilleux réseaux,
Mon cœur est plein de joie et de bonnes ressources.

Je te dirai, tandis que les pommes de pin
Grésilleront au creux de la moelleuse cendre,
Comme le jour est beau, pendant l’été divin,
Quand la force amoureuse au sillon va descendre ;

La fraîcheur tournoyante et claire du matin
Glissera comme une eau de ma voix sur tes lèvres,
Au souvenir de l’herbe et des touffes de thym
Qu’à l’aube remuaient la rainette et les lièvres.