Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/75

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Vêtus de lourds habits d’un pourpre de cerise,
Les enfantins amants toujours en apparat
Se sentiraient gênés dans l’âme et dans les bras
Pour le beau désespoir, sa mollesse et ses crises.

Tout aurait la couleur d’argent de l’irréel,
Le vent déplisserait des buissons d’azalée
La nuit blanche serait lisse comme une allée
Où la lune refait son rêve habituel.

Au royaume léger et charmant du fantasque,
Les amants, n’ayant pas le vouloir imprudent
De déchirer leur cœur pour regarder dedans,
Se croiront sur la foi des regards sous les masques,

Sans jamais enlacer ni désirer leur corps,
Ayant toujours un peu de sourire à la bouche,
Ils poursuivront dès l’aube une biche farouche
Au son prodigieux et débordant du cor ;