Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/76

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Ils seraient des héros, des reines et des pâtres,
Habitant des maisons si frêles du dehors,
Comme on en voit trembler et fleurir aux décors
Dans l’ombre merveilleuse et fraîche des théâtres.

Toujours se pavanant, ils oublieraient un peu
Qu’ils sont là pour l’amour et sa sauvagerie,
Et comme il apparaît sur les tapisseries,
La licorne et le chien s’assoiront auprès d’eux.

Et le soir, las de grâce et de cérémonie,
N’ayant plus la ferveur qu’il faudrait pour l’amour
Ils se souhaiteraient un bon soir tour à tour
Sans qu’une main plus chaude à l’autre reste unie.

Alors chacun dormant dans son lit enchanté,
Leurs rêves se joindront aux travers des fenêtres,
Et se pressant en songe ils auront pu connaître
Le bel enlacement sans sa témérité…