Page:Noailles - L’Ombre des jours, 1902.djvu/87

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Vois ces fleurs où la guêpe heureuse joue et boit,
Respire ces parfums que le vent chaud déplisse,
Touche ces groseillers aux baies rondes et lisses
Où s’enfonce au sommet un petit clou de bois.

L’arôme de l’œillet et de la mirabelle
Fait dans l’air un chemin que suit avidement
Cette guêpe qui vient blesser, en les aimant,
La prune paresseuse et la pêche si belle…

— L’heure est suave et lourde ainsi qu’un fruit mûri,
Le temps vivant s’égoutte au bruit de la fontaine,
La brise, les pistils, les ailes, les antennes,
Mêlent l’insecte ardent aux pétales surpris.

L’arbre sec, où les durs abricots s’éclaboussent
De ruisselant soleil ou bien d’eau quand il pleut,
Retient dans son ombrage et son cercle mielleux
La fileuse araignée et les abeilles rousses.