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MÉLISSA

Sur le chemin par où mes yeux t’ont vu venir,
Un jour je te suivrai, les paupières baissées,
Afin de retenir dans l’ombre des pensées
Toute la force du plaisir.

RHODON

La suivante saison ne sera plus si belle,
Viens, laisse ta maison, tes sœurs, tes jeux épars.
Vois, il n’y a que toi, que moi, que nos regards
Qui comme des ramiers dans la forêt s’appellent.

MÉLISSA

Je tremble, tout s’efface, il n’y a plus que nous ;
Le ciel est chancelant, l’espace se resserre,

RHODON

Il n’y a plus que toi et que moi sur la terre
Et l’étroit hiver rapproche nos genoux.