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Page:Noailles - L’honneur de souffrir, 1927.djvu/26

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L’HONNEUR DE SOUFFRIR


Me détournant de tout, j’ai choisi pour sentence,
Pour confrontation, pour loi, pour fixité,
Le peu de sol couvrant ta froide inexistence,
Dans l’innommable lieu où tout est arrêté.

Pour n’être pas mêlée à ton funèbre somme,
À jamais ma raison se dédaigne et se hait.
J’ai quitté, pour te suivre en ton séjour muet,
Les liens par lesquels l’homme est frère de l’homme.

Je vis, mais mon mépris d’être vivante est tel
Que partout je ne vois que mascarade amère ;
Aucune pauvreté, aucun débris d’autel
Ne peut se comparer au sens de l’éphémère
Qui remplace en mon cœur le goût de l’éternel…