Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/23

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Maintenant elle riait, s’amusait, encombrait son temps de puériles intrigues. Elle se plaisait à émouvoir les jeunes gens qui l’entouraient, à leur faire désirer la fleur qu’elle avait cueillie et tenue entre ses mains, les fruits qu’elle avait touchés. Elle se sentait près d’eux forte de sa grâce, de la science naturelle et croissante qu’elle avait des détours du regard et du geste, et de cet orgueil d’être, par sa personne et la situation de son père, au-dessus des espoirs de leur désir.

La pensée que ces jeunes hommes, insignifiants et doux, eussent pu l’obtenir en mariage, était quelque chose qui la cabrait, lui jetait l’âme en arrière. Elle n’imaginait point, de l’amour, les simples gaietés du juvénile accord, le consentement familial, les longues solitudes permises ; elle n’eût pas voulu, dans l’ombre, abandonner ses mains aux mains d’un de ces garçons patients, dévots et gênés ; de plus vives émotions l’avaient surprise un soir. Un homme d’État italien, que M. de Rozée avait connu autrefois à Rome, Fabien Mauri, passant en Touraine, était venu dîner au château.