Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/25

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qu’il lui disait n’étaient pas importantes et lui-même paraissait ne pas y tenir ; ses paroles semblaient mises là seulement pour faciliter et autoriser l’attention qu’il appuyait sur mademoiselle de Rozée, et Sabine, intimidée, répondait gauchement.

Avec un trouble qui lui était agréable, elle remarquait chez cet homme l’étonnant regard, rauque, brûlé, et comme épuisé d’ardeur, et le son du rire, doux et cruel. Il partit le lendemain, elle ne le revit pas et n’en fut pas plus longtemps occupée ; mais elle, qui ne subissait qu’avec irritation et une grande humilité physique l’espérance qu’elle voyait à quelques-uns des jeunes gens de l’épouser, elle avait porté avec un pliement délicieux et un merveilleux craquement de l’orgueil le dur désir de cet homme…

Sabine eut encore deux années d’insouciance, de force et de plaisir.

Un jour, son père, au retour d’un voyage, lui annonça faiblement, doucement d’abord, qu’il allait se marier, qu’il épousait une jeune fille autrichienne dont la présence serait pour Sabine une distraction charmante.