Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/34

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— Voici Jérôme qui monte, dit Sabine qui entendait des pas dans l’escalier.

La porte s’ouvrit et Jérôme Hérelle entra. Il leur dit bonjour à tous, gravement, sans sourire, ayant cette impression que la politesse comporte de la réflexion et de la solennité.

Le jeune homme qui entrait ainsi chez ses amis, était un cousin éloigné d’Henri ; sa mère, par laquelle il était allié à la famille de Fontenay, s’était éprise d’un musicien polonais, d’origine française, Jean Hérelle ; elle l’avait épousé, malgré l’opposition de ses parents, et avait vécu avec lui en Pologne. Elle en avait eu un fils, Jérôme, chez qui le don musical s’était révélé dès l’enfance.

Elle mourut lorsqu’il atteignait sa vingtième année. Le jeune homme, qui était sans ressources, pensa donner quelques leçons de musique ; mais la vanité douloureuse de son cœur, le goût natif et aigu qu’il avait de l’élégance et de l’oisiveté, lui rendirent la possibilité de cette tâche trop difficile. Alors, il composa, fut favorisé par un célèbre maître russe qui le prit en affection, et ayant, à vingt-trois ans,