Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/38

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de l’âme, d’où coulerait la sève limpide et sucrée.

» Les roses d’Ispahan…

le soupir gonflait, s’exhalait, recommençait,

» dans leurs gaines de mousse…

encore une fois toute l’angoisse délicieuse aspirée et rejetée,

» les jasmins de Mossoul, les fleurs de l’oranger…

la note penchante et tenue troublait comme un doigt appuyé sur le sanglot voluptueux…

Quel parfum ! quelle ivresse ! quel flacon d’odeur d’Orient cassé là ; quelles fleurs de magnolia écrasées, dont l’arôme à l’agonie fuyait et pleurait… Tout l’air de la chambre tremblait.

— Ah ! se disait Sabine, la musique, la musique ! l’homme et la femme si misérables, l’amour si impossible, tout si triste et si bas autour d’eux, et la musique qui leur fait en rêve ces corps de lumière, ces bouches de larmes et de suavité, ces regards plus déchiffrés et