Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/44

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— Et quand on se plaint, méchante, interrompit la jeune fille, quand on se plaint, comme l’autre jour la vieille madame Martin qui a perdu son fils et qui venait pleurer près de toi, tu deviens pâle, tu pleures aussi, tu fais tout pendant deux jours, et le troisième jour tu me dis : « Marie, va donc la voir, je ne peux plus, c’est affreux les gens malheureux, ça me tue… » Dis que tu n’as pas dit ça ?

— J’ai dû le dire, répondit Sabine gravement, tristement. Quand on n’a pas la force, vois-tu, on désapprend tout, même la bonté, et c’est cela qui est si terrible…

— Mais tu vas beaucoup mieux, reprit Marie attendrie et désolée, en prenant la main de Sabine et l’appuyant contre sa joue.

— Oui, chérie, je vais mieux, peut-être, et toi, toi ma petite, – s’écria Sabine, qui embrassait Marie, car la tendresse qu’on lui témoignait lui arrachait toujours une plus forte tendresse, – toi, tu es contente, n’est-ce pas, qu’est-ce que tu veux ? as-tu tout ce que tu veux ? Et elle ajouta plus bas :

— L’amour ?