Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/43

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C’est curieux, les êtres nous deviennent tout de suite un peu chers dès que nous avons voulu quelque chose pour eux, touché à ce qui est leur vie.

— Et Pierre, interrompit Marie, tu l’aimes ?

— Oh ! oui, j’ai beaucoup d’amitié pour lui, il est tout à fait intelligent, et un homme si étonnant avec son irritation, son manque de mémoire, ses passions qui se passent on ne sait où et avec qui, et, par moments, l’oubli de tout cela, l’air jardinier.

— Il est un bon ami, constata Marie nettement.

— Surtout pour Henri et pour toi qui le connaissez depuis si longtemps.

— Pourtant, répliqua Marie, vous vous entendez sur presque tout. Vous vous mettez tous les deux contre Henri quand vous parlez de politique.

— Oui, je m’entends sur beaucoup de choses avec lui, c’est vrai, répondit madame de Fontenay. Mais pas sur la vie, pas sur la tristesse, pas sur la faiblesse, pas sur l’agacement et la mauvaise humeur… Il est toujours content, j’aime qu’on se plaigne.