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et puis, soudain, montait, sentimentale, à la bibliothèque où Henri travaillait.

Elle avait mis à sa robe, exprès pour lui, une fleur qu’elle enlevait et qu’elle lui donnait. Elle s’asseyait près de lui et faisait des projets.

Des projets où ils étaient toujours seuls tous deux : dans un bateau, sur la mer froide, près d’Elseneur, ou sur les collines d’Italie qu’arrachent les longues racines des oliviers, ou dans une petite maison d’un coin de France, avec un balcon de roses, un perron, des graviers blancs et un jet d’eau.

Il répondait, heureux et occupé, la prenant par le cou d’un bras et tenant de l’autre ses livres :

— Tu veux trop de choses à la fois, ce n’est pas pratique ; mais c’est très gentil, ajoutait-il en l’embrassant.

Elle reprenait, pleurant presque d’abondance et de douceur :

— Est-ce que vous savez comme je vous aime et comme je vous donne tout mon passé ? Je viens à vous du fond de mon enfance, pourquoi ne me voulez-vous pas, mon chéri ?