Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/51

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Il s’étonnait et riait :

— Je ne te veux pas, Sabine ? je crois que tu deviens folle ; c’est moi qui t’aime et qui t’ai toujours aimée beaucoup plus que tu ne le fais.

— Alors, pourquoi travailles-tu tout le temps, et pourquoi n’es-tu jamais triste ? soupirait-elle.

— Mais, pourquoi veux-tu que je sois triste, maintenant que tu te portes tout à fait bien, que tu vas pouvoir vivre comme les autres, t’intéresser, t’occuper, et peut-être – tu verrais comme cela te rendrait heureuse – avoir un fils qui consolerait de la petite.

— Mais, si tu m’aimais, tu serais triste, disait-elle, comme moi je suis triste depuis que je t’aime, parce qu’on veut, on veut quelque chose, je ne sais pas ce que l’on veut…

— Eh bien, reprenait Henri attendri et un peu fier, laisse-moi vite finir ce rangement de livres, et puis nous dînerons ensemble, toi et moi, dans un restaurant du Bois ; ce sera très bien, ma chérie.

— Oui, – disait Sabine, qui s’appliquait au contentement profond et se sentait au contraire près