Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/55

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Sabine embrassa Henri avec allégresse. Ce voyage la ravissait. Elle s’occupa de son départ pour le soir même. Elle courut acheter un grand chapeau de copeaux légers, sur quoi elle jeta des coquelicots de soie rouge, et elle se sentit ainsi une âme champêtre, rustique et sensible à la manière des bergeries.

Son mari et elle arrivèrent à l’heure du dîner au château que madame de Fontenay possédait dans la campagne beauvaisienne. Ce château, construit au XVIIIe siècle, s’élevait avec élégance et solidité. Ses larges fenêtres divisées en petits carreaux regardaient des pelouses rondes. Un massif de myosotis étouffé de feuilles mousseuses luisait dans l’herbe, et c’était comme une petite vague à cime de pétales bleus.

Un peu à l’écart, une maison basse, d’un caractère humble et touchant, servait de communs. Elle faisait songer à quelque demeure de madame de Warens, avec ses volets peints en blanc, son balcon découpé et son mur villageois qu’un pied de vigne fournissait de feuillage.

Sabine, dès l’arrivée, aspirait, les yeux fermés,