Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/78

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— Ah ! Sabine, murmura-t-elle, ce rose du ciel ! il semble cardé et traîné par des pattes d’oiseaux.

— Oui, répondit sa belle-sœur, dont les yeux, curieux de l’horizon, s’emplissaient de sourires, ce ciel fait imaginer et désirer de fabuleux endroits d’Orient, où le soleil est proche des sables comme une orange qui laisse couler son jus…

— Entendez-vous cette mésange ? demanda Jérôme ; elle fait un bruit voluptueux d’aiguiser son bec dans une prune fendue et juteuse.

— C’est vrai, répondit Sabine qui rêvait.

L’ombre descendait, elle ne vit plus que la main de Jérôme posée dans l’herbe.

Il vint s’asseoir auprès d’elle sur le banc, disant qu’il avait assez de la pelouse.

Il alluma une cigarette.

À la lueur de l’allumette de cire elle vit cette main, avec une admirable veine d’un vert bleu, où elle se troublait d’imaginer le flux précieux du sang.

Et, comme le jeune homme, le visage renversé vers le soir, fredonnait faiblement,