Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/8

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Elle était jolie aussi ; elle avait un visage clair, des cheveux vifs, couleur de châtaignes, la bouche et le rire délicats. Son regard timide et simple dévoilait de la confusion.

Un peu lasses toutes deux de leur course rapide, elles s’assirent sur un banc et regardèrent devant elles.

Leur respiration faisait dans leurs voiles une buée légère. Elles regardaient complaisamment cette campagne de la Muette qu’elles aimaient.

Sur les pelouses mornes, les arbres dévastés, en forme de fourche, piquaient le ciel. D’étroites rosaces de plantes vives, semblables à de petites mâches, restaient collées, avec quelques herbes, à la terre nue et gelée. De place en place des statues de pierre montaient comme une tiède haleine blanche. Le silence et la torpeur pendaient en lambeaux autour des villas mortes dans leur carré de jardin. Au loin, un kiosque, qui servait à la musique en été, paraissait démoli par le froid.

Derrière les arbres un tramway passait par moments, et faisait grincer sa raie de bruit.

Mademoiselle de Fontenay, mettant doucement