Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/9

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sa main sur le bras de sa belle-sœur et la regardant avec une tendresse soigneuse où veillait un peu de l’anxiété de son cœur sage, lui demanda :

— Que vas-tu faire aujourd’hui, Sabine ?

— Rien, répondit madame de Fontenay, je vais me reposer, lire ; je sortirai peut-être un peu, et puis, à cinq heures, tu viens prendre le thé chez moi. Henri sera là, et Jérôme et Pierre viendront aussi.

Madame de Fontenay avait dit qu’elle ne ferait rien, parce qu’il lui semblait que ce qui s’éprouvait faiblement n’était rien, et que, quoiqu’elle ne se sentit ni malheureuse ni désirante d’autre chose, sa vie monotone et mince lui apparaissait seulement comme un moment lucide du sommeil, comme le versant luisant de la nuit.

La jeune fille répondit qu’elle viendrait en effet prendre le thé chez Sabine, et qu’avant cela elle ferait un peu de peinture. Et puis elle ajouta :

— Au fond, Sabine, est-ce que tu es heureuse ?

— Oui, fit la jeune femme avec netteté, et comme