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LA DOMINATION

Les petites Vénitiennes rousses qui passaient, dans leur joli châle noir fermé, lui semblaient davantage plaisantes. Il les voyait glisser sur les dalles claires et unies des rues délicieuses, rues qui semblent toujours être la cour intérieure d’un calme et divin palais, les doux couloirs familiers où l’on marcherait sans vêtements et sans chaussures.

Entre les clairs magasins où luisent l’humide corail et la pâte de turquoise, la rue argentée se chauffe au soleil, et les Vénitiennes sont là qui flânent, dans leur deuil fin et secret…

Antoine Arnault, sur la place Saint-Marc, encore une fois est de beauté enivré. Assis aux arcades du café Florian, il boit lentement le noir breuvage vénitien. Il contemple cette place Saint-Marc, la molle église orientale, et, ouvert sous le ciel, l’immense carré de pierre, immobile victoire !