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LA DOMINATION

Il lui parle de sa ville, d’une manière dont elle se divertit d’abord, car elle trouve Antoine exagéré, et puis elle l’écoute, parce qu’elle pense que ce qu’il dit est précieux comme ses livres. Le comte entre et vient prendre le thé ; une jeune femme française, qui a auprès de la comtesse l’emploi de lectrice, de dame de compagnie, apporte des fleurs qu’elle dispose dans des vases de cuivre ; on annonce la visite du descendant d’un doge ; Antoine Arnault s’ennuie, se retire. « Voilà, pense-t-il, ce qu’elles font de cette ville énamourée ! un mari, le thé, des vases de fleurs, la visite d’un vieux gentilhomme ! Ces innocentes aristocrates ne méritent pas la peine qu’on prend de les venir voir. Ah ! combien je leur préfère George Sand infidèle, qui, dans cette ville pressante, pensait sans doute : « J’aime moi-même et mon plaisir. »

Antoine quitta l’hôtel où il était descendu