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LA DOMINATION

À saint-Blaise, à la Zuecca,
Dans les prés fleuris cueillir la verveine…

Parfois encore, il rêvait au milieu des ténèbres, goûtant l’odeur de l’eau, de l’algue et du goudron, respirant la nuit, qui là-bas est juvénile, belle comme un matin noir…

La fierté que lui donnaient maintenant son œuvre et la familiarité qu’il prenait avec Venise, modifiaient ses désirs. Il quitta la solitude, revit la comtesse Albi.

Il n’avait pas d’amour pour elle, mais un respectueux désir de s’employer auprès d’elle, un goût délicat de la servir ou de l’offenser.

Il supportait mal la présence du comte et les brusques apparitions de mademoiselle Émilie Tournay, la confidente, l’amie de la comtesse, une jeune Française qu’il jugeait audacieuse et vulgaire.

Mais il voyait Donna Marie plus librement qu’il ne l’avait espéré : le comte s’ennuyait