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LA DOMINATION

à Venise ; secret et sournois, il s’absentait fréquemment, allait à Florence, à Rome ; et bientôt, assuré de la facilité de la voir souvent, Antoine n’eut plus qu’à chercher le moyen d’attirer dans ses bras cette jeune femme mélancolique et dévouée, dont le beau visage innocent ne se tenait si droit que par éducation et par orgueil.

Il chercha longtemps ce moyen.

Il s’empressait à tout. Il ramassait le petit mouchoir tombé ; offrait un livre frivole et sensuel ; ne parlait pas et, tout d’un coup, parlait beaucoup ; semblait triste ou simulait l’indifférence…

La comtesse accueillait ces changements avec douceur et amabilité. Antoine Arnault s’irritait de sentir qu’il lui apportait de l’amusement sans rien retirer d’elle. Ce n’est pas cela qu’il avait voulu ; on le volait.

Il tenta les visites, ensemble, elle et lui, le matin dans les musées.