Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
LA DOMINATION

Donna Marie, sagement curieuse, était prête à l’heure indiquée, et, sérieuse, reconnaissante, suivait son professeur.

Il lui fit connaître ce que, vivant à Venise, elle ignorait.

Il lui montrait, avec une richesse de paroles qui leur prêtait l’ardeur et le mouvement, les belles fresques de Tiepolo dans le palais Labia. Docile, elle prenait avec lui sa place dans cet embarquement de Cléopâtre, et soutenait de tout son cœur la reine d’Égypte, princesse civilisée, qui fait gonfler autour d’elle sa robe d’argent cassé.

Ils s’attardèrent, dans la Ca d’Oro, à regarder l’eau et l’air s’encadrer dans les colonnes ; il lui fit remarquer les précieuses mosaïques de l’escalier, différentes à chaque degré, et qu’on perçoit en marchant, comme le petit pied nu de la chèvre connaît le grain et les dessins du sable.

Devant le saint Sébastien de Mantegna, dans