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LA DOMINATION

La torride fin de juillet l’énervait encore davantage. Il voulait quitter Venise, sans pouvoir s’y décider. Il comptait aussi sur le départ, en août, de Donna Marie et du comte Albi, qui, d’habitude, regagnaient les environs de Florence : une maladie du petit garçon allait les retenir plus d’un mois immobilisés.

Antoine aimait la comtesse ; il souffrait de l’aimer, et ne s’épargnait aucune chance de douleur. Il l’appelait chez lui, puis, en pleurant, la renvoyait, un peu soulagé d’avoir vu sur le visage de sa maîtresse l’angoisse du désir longtemps accumulé, du lourd et désirant désir.

D’autres fois, quand elle arrivait si lasse, si couverte de pleurs, si mystique qu’elle souhaitait s’étendre sur le tapis de son amant pour y mourir, il l’accueillait avec une brutale ardeur, et, comme elle s’effrayait qu’on voulût violenter un corps que baignent des larmes :