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LA DOMINATION

rence timide et ravie des jeunes hommes qui ont quatre et cinq ans de moins que lui, et qui l’imitent. Il méprise tout cela, rien ne lui est assez : ce chaud azur, cette paix lourde, dorée, hachée d’or, cette vibration de l’immobile le contentent bien davantage. Solitaire, il est roi du monde, et la jeune femme qu’il va rejoindre ne défait pas sa solitude ; elle est moins une âme qu’une grappe de fleurs odorantes.

Quand il arrive, elle est déjà là. Elle sourit de tout son visage rose et pâle qui déplaît chaque fois que d’abord on la revoit, mais ensuite s’emplit et reluit de secrets voluptueux.

Ils avancent dans le jardin ; il lui tend la main pour l’aider à franchir quelques morceaux de verre mêlés aux brillants cailloux… Elle cède langoureusement : une politesse lui est une caresse dont elle se prévaut pour défaillir déjà. Brave, dans la