Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
LA DOMINATION

s’obstine pas à le savoir ; il n’ose demander si le comte éprouve de la passion pour sa femme, s’il est exigeant… Ah ! comme ce secret lui perce le cœur ! Et, blessé de dégoût et d’humilité à la pensée de ce partage, se vengeant de Donna Marie qui, le soir, innocente et confiante, lui dit : « Il faut toute la vie me rester fidèle… » il ne repousse point les caresses de cette autre jeune femme.

Que Donna Marie le sache ? Qu’elle ne le sache pas ? Que veut Antoine ?

Ah ! qu’elle ne le sache pas ! Pâle petit cœur aristocrate, qui aime autant qu’il peut aimer, sans héroïsme et sans carnage ; mais avec une douceur infinie, une si noble soumission, et en même temps une confiance si royale ! Qu’elle ne le sache pas ! Qu’elle continue à vivre, gracieusement, sans que son doux orgueil soit brisé. Et puis Antoine bientôt va partir, va laisser là l’une et