Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
LA DOMINATION

de votre amant. Vous allez apercevoir toutes ses ruses, toutes les familiarités qu’elle prend avec lui. Quand il lui parle, elle feint de répondre négligemment, et, s’il se tait, elle s’agite, s’inquiète, se plaint de la soif, de la fatigue. Comme elle rit quand elle le regarde ! Riait-elle comme cela autrefois ? Donna Marie ne le croit pas, mais peut-être se trompe-t-elle, peut-être est-elle folle ?…

« Est-ce que, quand on a la reine, on veut la servante ? Est-ce que cette fille n’est pas une fille grossière et rude, qu’on ne saurait désirer ? Si un homme, dans un désert, dans la forêt, avait besoin d’elle, il l’aurait et la quitterait après… »

Voilà ce que pense soudain la comtesse de mademoiselle Tournay, qu’elle aimait.

« Qu’y a-t-il ? qu’y a-t-il ? qu’y a-t-il ? crie sa pensée, comme une folle. Est-ce une liaison qui commence, sont-ce les premiers signes, et lequel des deux veut l’autre ?