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LA DOMINATION

connues. Les voici deux, toutes pareilles, avec le même souvenir et la même attente ; et Antoine sait leur différence et leur ressemblance. Mais lui, il est le même, il ne change pas, et toutes les femmes qu’il a connues se sont ressemblées, sont devenues comme des sœurs entre elles, parce que c’est l’homme qui parle, et la femme qui entend, s’imprègne et se modifie.

Quelle nuit elle passe ! pendant laquelle lentement, sûrement, toute sa vie se défait, se détruit. Puisqu’elle a perdu tout le goût de la vie, qu’elle est vraiment dépouillée d’elle-même, que ne meurt-elle à l’aube ? Sa confiance, sa beauté, sa noblesse, Antoine les a trahies avec une fille inférieure. Cela est. On ne peut pas effacer cela. Mais son orgueil n’est pas si blessé que son rêve.

Hélas ! elle le sait bien, elle ne peut pas se détacher de lui. Infidèle ou fidèle, n’est-il point toute sa volupté ? Le vertige et l’éclair,