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LA DOMINATION

La nature elle-même ne le souhaite-t-elle pas ? Ne l’indique-t-elle pas ? Les femmes, toutes les femmes, et cette Émilie, n’ont-elles point de tendres corps qui se penchent et avancent, tendus vers les mains des hommes ? Les doigts se touchent, les genoux se touchent, tout un être attire l’autre être, et, dans les soirs chauds, les femmes tristes ou légères ne tombent-elles point, comme les fruits las sur la prairie ?

Hélas, cette Émilie ! tout naturellement Antoine Arnault l’a touchée et l’a prise. Elle, Donna Marie, n’avait donc pas veillé ? Il a été, avec cette fille, comme elle sait qu’il est. Elle le voit. Elle sait ce qu’il a dit, ce qu’il a fait. Elle sait tout de son plaisir, de sa gratitude, de ses perverses joies… Hélas ! que ne sait-elle de lui !

Et voici qu’elle se sent être la sœur de cette Émilie, ayant le même corps, le même secret, puisqu’un même homme les a goûtées,