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LA DOMINATION

priétaire de la joie ! Va-t’en, majesté ! Va-t’en, splendeur ! »

Vous sentant plus impure par votre plus exclusif désir, n’exigeant plus rien de l’amitié ni du serment, vous connaîtrez d’âcres joies, audacieuses, pourpres, corrosives.

Posez sur votre âme froissée ce beau petit masque d’ivoire dur et rond dont les Vénitiennes du siècle de Louis XV recouvraient leur visage, sous le tricorne noir : votre amant ne reconnaîtra pas votre cœur. Ainsi masquée, goûtez la volupté, laissez glisser sur vous les tendres souffles, les tendres doigts ; votre moins sage beauté effraiera votre amant enivré. Il vous redemandera votre âme. De vos pieds nus à votre cou serré de perles, à vos cheveux chauds et mêlés, vous lui semblerez une énigme audacieuse, et vous posséderez ainsi, jusqu’au désir inassouvi, votre soucieux vainqueur…