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LA DOMINATION

Donna Marie ne pense point de cette manière ; elle sent seulement qu’elle souffre trop ; et maintenant, debout à sa fenêtre qui regarde le canal, dans le matin naissant, abêtie, les yeux levés, elle cherche par où, par quels escaliers de l’air, par quelles mystérieuses portes de Venise elle pourrait sortir de la vie…

Tout à l’heure, bientôt, elle prendra sa gondole, elle ira chez Antoine Arnault, et là, elle parlera et elle criera jusqu’à ce que quelque chose soit changé dans tout ceci, dans tout ce qu’elle éprouve, dans tout ce qui est.

Elle est prête, elle sort, elle arrive chez Antoine. Elle ne vient jamais le matin, mais Émilie, depuis une semaine, vient ainsi de bonne heure, et Antoine, recevant Donna Marie, s’épouvante de sentir que l’autre dans quelques instants va venir.

La pâleur de Donna Marie, son attitude