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LA DOMINATION

dire à Émilie Tournay qu’il ne la reçoit pas, qu’il travaille, qu’il ne la verra plus. Mais Donna Marie, brûlante, glacée, haletante, exténuée, sans défense, cédant enfin, tombe dans les bras du jeune homme ; elle baisse la voix et ferme les yeux.

— Dis-lui, — soupire-t-elle, calme, soulagée, — dis-lui que c’est moi que tu préfères…

Au bout de quelques instants, Antoine Arnault revient près de Donna Marie.

Il ne lui dépeint pas le visage d’Émilie, sa colère, ses soupçons ; il hait cette fille, et s’indigne et ne pense qu’à la comtesse. Mais elle ne peut point oublier cet adultère, elle regarde autour d’elle, et, d’une voix blessée, elle dit :

— Ce fut ici… ici !…

Hélas ! elle ne peut pas oublier. Elle voudrait tout savoir de cette redoutable Émilie, ses défauts ou sa beauté ; elle voudrait la voir souffrir, et lui dire fortement, tranquil-