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LA DOMINATION

sombre et fermée le mettent mal à l’aise ; il ne sait que lui dire. Mais elle parle, et voici que, douce, timide, toujours soumise, elle devient forte, et d’une voix nette, desséchée, elle dit tous ses griefs, ce qu’elle a deviné, ce qu’elle entrevoit, ce qu’elle sait. C’est le chant de la fierté, du naturel dédain, de l’antique et claire hauteur. Antoine ne reconnaît pas son amie plaintive et penchée.

Comment faire comprendre à cette guerrière qu’il l’aimait et la vénérait ? qu’il l’a trompée par douleur ; qu’on ne peut pas laisser sans se venger, sans devenir fou, la femme que l’on aime à l’époux qui revient…

Elle ne veut rien écouter. Et voici qu’une sonnerie tinte, et que sans doute Émilie maintenant est là, devant la porte, tout près.

Pleurant, priant, essayant de saisir les mains de Marie, Antoine la supplie de se taire, de ne point laisser soupçonner sa présence, tandis que lui va tout simplement