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LA DOMINATION

bonté, qu’elle oublie ; dans l’appartement où l’autre aussi fut choyée, elle ne voit plus qu’elle-même et que lui, leur plaisant passé, leur chaude confiance. Collés l’un contre l’autre, de leurs bras désespérés ils s’attirent, se retiennent ; ils se taisent et s’enlacent.

Donna Marie est vêtue d’une légère robe turque, brodée, dorée, et, avec sa douceur tiède, sa frêle pâle beauté, sous le vêtement lamé, elle fait songer à mademoiselle Aïssé.

— Petite dame triste et chérie du beau XVIIIe siècle, soupire Antoine, étions-nous bien faits l’un pour l’autre ; vous faible, hautaine et frivole, et moi qui souffre trop de vous ?…

Elle ne répond que par de tendres soupirs qui viennent de la paix de son âme. Tout à l’heure si inquiète, si bouleversée, elle est tranquille et heureuse de nouveau. Non, elle ne peut quitter son époux, son enfant, sa