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LA DOMINATION

— Voyez, dit Marie. Émilie a dû vous écrire.

En effet, Antoine rapporte une lettre d’Émilie. Il voudrait ne pas l’ouvrir en ce moment, mais Donna Marie, inquiète, avec de nouveau son regard de chasseresse qui se fatigue, s’épuise, insiste. Il ouvre cette lettre. Elle attend qu’il la lise, mais il la replie ; alors, elle la prend, et son visage, à la lecture, s’irrite. Curieuse lettre ! insensible, aiguë et fière, et dont l’adieu se termine par une phrase qui transperce, exténue Marie.

« Je suis contente, écrit cette fille à son amant, je suis contente que tu me quittes tandis que tu me désires encore ! »

Antoine a beau se désoler, il goûte au fond de son cœur les colères de ces deux femmes, leurs plaintes, leurs parfums emmêlés.

Marie demeure étourdie, déconcertée de cette phrase, et rancunière.