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LA DOMINATION

plus qu’une sœur qui veut réchauffer cette vie lamentable. Une sorte de passion, d’ivresse, de sensuelle bonté s’émeuvent en elle au contact de cette malade. Elle s’empresse, et, d’une voix tendre, avec des paroles d’amour, appelle cette endormie…

Elle l’étend et lui baigne le front ; elle la soigne, comme Antoine, dans le jardin de roses, l’a soignée. Et, comme dans ce même jardin, Émilie, seulement assoupie, avec une hautaine langueur se laisse raviver. Et, dans la bonté de Marie, dans la chaude, animale bonté, passent des éclairs de douleur qu’elle accueille avec une brusque sensualité.

Émilie, morte de volupté dans les bras d’Antoine Arnault, devait être comme elle est là, rigide et pâmée, avec le visage soudain grave et royal ! Et voici que Marie songe : « Si Antoine était là, s’il venait, comme elle guérirait vite ! Elle tournerait