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LA DOMINATION

me rendre à quelque réfectoire, à quelque atelier, à quelque étude, enfermé désormais dans une sourde, aveugle et maigre discipline.

» Mais, tout à l’heure, dans le cloître plus tendre encore de San Domenico, à mi-chemin de la colline de Fiesole, j’ai pu sentir que ni l’isolement, ni les clôtures n’empêchent dans ces asiles l’entrée de la tristesse et de l’ardeur.

» Là, elles tombaient du ciel, du morceau de ciel bleu suspendu au-dessus du silencieux jardin muré.

» Les tristes rosiers cloués aux murs roses ; l’infini silence de la petite pelouse, de l’eau plate dans le puits, des fenêtres, des toits ; le temps démarqué, qui passe sans qu’il soit nécessaire pour ces captifs de connaître la date et les saisons, tout ce néant, tout cet infini constituait le plus puissant aphrodisiaque. Et je me blessais à