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LA DOMINATION

penser à vous, à vous désirer comme jamais je ne vous ai désirée. Dans ce couvent perdu sur la colline, l’éternité ne m’eût pas suffi à vous aimer.

» Hélas ! je crois voir encore tournoyer le soir rose et bleu…

» Lorsque, chancelant de mélancolie, je suis sorti de cet enclos, j’ai regardé le moine qui m’ouvrait la porte, un jeune franciscain vêtu de bure et de cuir, qui lui, vit là. Gorgé de repos et de silence, son vigoureux visage brillait comme celui d’un guerrier, d’un chasseur, d’un amant. Il semblait ivre d’appétits, fougueux comme un cheval au soleil… Et je l’ai vu disparaître, se replonger, s’ensevelir, derrière moi, dans l’ombre de son monastère, dans l’odeur de pierre, de tiédeur et d’encens…

» Madame, ces rêveries qui bouleversent mon âme et ornent encore votre image, recevez-les dans vos petites mains futiles et