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LA DOMINATION

dans mon âme ces muscles de l’exaltation qui, dans la mêlée des idées, feraient de moi un guerrier ; je voudrais voir s’élever sur ma ville la statue de la déesse Science. Moi-même, en lettres d’or sur la pierre, je lui dédierais son image. « Tes cheveux, lui dirais-je, ont les rayons de l’or, du manganèse et du sodium ; tes yeux mesurent la distance des astres, ta gorge a le rythme des mathématiques éternelles ; une de tes mains s’appelle « Audace » et l’autre « Apaisement de la Douleur », et tes genoux, à chacun de leurs mouvements, avancent le bonheur des hommes ! » Mais, mon ami, dans les soirs tristes, solitaires, quand le léger mécanisme de mon cerveau se détraque, et, qu’insensible aux raisonnements comme un enfant malade à la lecture, je réclame pour mon cœur de naïfs bonheurs colorés, ah ! qu’elle-même alors est impuissante ! comme je n’ai rien pour moi, moi qui n’ai pas l’animale