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LA DOMINATION

Lunes et mélancoliques soupirs, fluides appels des âmes, larmes, goût de l’éternité, cette sombre fête des nuits à chaque moment l’étreignait…

Voici quelle ardeur la jeune fille apportait à son ami. Elle ne lui écrivait point et lui n’écrivait pas, tous deux tremblaient de se comprendre, de se rapprocher.

« S’il se peut, pensait Antoine, que ce bonheur passe loin de moi. »

Mais elle pensait « Venez, venez. »

Sa tendresse pour sa sœur, qui d’abord l’avait oppressée, chaque jour se glissait à côté de son nouvel et innocent amour, ne le gênait plus et ne lui faisait plus obstacle.

« Vivre, pensait-elle, vivre, ne rien renoncer, ne rien refuser ! »

Aussi lorsque Antoine, mourant sans elle, abandonné de son âme et hanté de poésie lui écrivit douloureusement : « Revenez »,