Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
LA DOMINATION

pour ces flâneurs, pour ces rêveurs. Un matin Antoine reçut une lettre timbrée de Florence même. Elle était de la comtesse Albi. Après huit ans ! La comtesse demandait à voir Antoine, indiquait un rendez-vous chez elle. Le souvenir après l’oubli : « Je n’irai pas », pensa Antoine ; et il répondit qu’il quittait Florence.

Mais un second mot de Donna Marie, timide et pressant, affaiblit sa volonté, et, irrité, il écrivit qu’il viendrait. Il ne pensait pas à elle. Il était malheureux. Son amour pour Élisabeth, dans cette ville, s’envenimait. L’étrange ardeur de cette passion meurtrissait Antoine Arnault.

Certes, il ne pensait pas à avoir la jeune fille. Jamais il n’avait souhaité la blesser contre son cœur, ni quand, dans le parc d’un petit hôtel de Provence, aux bruissements des platanes et d’un jet d’eau, leur apparut le sentiment du précaire et de la