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LA DOMINATION

mort, ni ce soir trop pâle sur le lac de Bellagio, lorsque leurs larmes coulaient de l’un sur l’autre, et les reliaient comme un long fleuve relie deux villes mystérieuses ; mais ici la haute beauté, la douceur, les souvenirs qu’évoquait Donna Marie l’enfiévraient sensuellement.


Ainsi qu’il l’avait promis, Antoine Arnault, vers six heures du soir, arriva chez la comtesse Albi.

Elle n’était pas encore dans l’obscur salon. Il attendit, tout enveloppé d’Élisabeth. Et puis la comtesse ouvrit une porte, écarta un rideau, entra.

Elle n’avait pas changé. À trente-sept ans, elle était comme autrefois. Son délicat orgueil ne se transformait point ; sa fierté et ses gestes retenaient sur elle sa jeunesse.

Elle semble riante, indifférente, mais Antoine voit le trouble de son visage ; elle