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LA DOMINATION

— Mourir, suppliait-elle encore, mourir, mourir…

Et voici qu’elle s’allonge, qu’elle se glisse sur Antoine, que son regard est sournois, est comme une âme qui rampe vers sa proie, qu’elle-même est tout entière une chaude panthère couchée, soulevée, et d’une voix que la hardiesse et la défaillance entrecoupent :

— Le plaisir, dit-elle, le plaisir, mon chéri, donne beaucoup de courage pour mourir…

… Antoine veut s’éloigner, la repousser, partir, mais elle le garde, elle s’attache à lui avec les grands mouvements de l’être, comme on se bat, comme on se chauffe, comme on mange.

Violente et dressée, d’une voix désordonnée, ainsi qu’on éparpille des mots et son sang, elle lui dit :

— Vous êtes mon jardin refleuri, ma maison retrouvée, ma volupté vivante, vous êtes