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LA DOMINATION

allait ; il courait vers Élisabeth. Celle-là ! qu’elle restât pure, innocente, jusqu’au moment de sa mort, de sa bienheureuse mort…

Il trouva Élisabeth qui lisait, seule dans le petit salon, Madeleine s’étant, après le dîner, retirée chez elle, endormie.

Dans l’obscurité du soir, au travers des fenêtres, on entendait les roulements, le tintement de Florence, sonore la nuit comme un cristal toujours frappé.

— Que lisez-vous, Élisabeth ! s’exclama Antoine Arnault, car aucune de ses paroles, aucun de ses sentiments, ce soir, ne pouvait avoir de paix.

Et la jeune fille se troublait, car, ô surprise, elle lisait, en effet, une page de volupté qui venait de briser son corps dans un brûlant roman italien, une page de volupté où triomphe la mort, la mort par l’inextinguible désir !