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LA DOMINATION

Et comme tous les deux, sans qu’ils l’eussent su, séparément, étaient prêts au même délire, au même terrible vouloir, épouvantés, ils furent debout l’un près de l’autre, se fuyant, s’évitant, pourtant immobiles, mêlés comme les mots dans l’Ode, comme le son dans l’accord.

— Allez-vous-en, ma bien-aimée, s’écriait Antoine, ébloui, — que je ne vous touche pas et que nul ne vous touche, ah ! demeurez inemployée ! Beauté vierge que je ne puis épuiser, amour du milieu de ma vie, ô bonheur venu trop tard, éloignez-vous de moi ! Sagesse de Jupiter, Jupiter que Gœthe à chaque aurore adorait, retenez-moi de ma folie ; que je ne touche pas à cette enfant. La douleur de Faust, la douleur de Faust elle est au centre de toutes les vies ! Celui qui mille fois a enlacé le corps d’Hélène, il crie : « Encore ! encore ! toujours ! Encore ma jeunesse, encore ma force, encore la