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LA DOMINATION

gnifiques, Velasquez, héros du désir ! et vous, Richard Wagner, qui composâtes votre suprême Tristan au milieu de telles ardeurs, d’un tel triomphe physique, qu’au thème de la mort d’Yseult nulle femme ne s’y peut tromper, et par vous reçoit son amant dans son cœur !… »

Alors la jeunesse d’André l’attendrissait, il eût voulu lui dire : « Vous commencez la vie, vous ne savez point encore comme elle est belle, ô mon ami ! j’ai achevé ma course et je meurs, voici le flambeau… »

Il se rappelait avec douceur la timidité du jeune homme, le cours délicieux et contracté du sang, l’intensité naïve, l’éternel charme de Daphnis.

Et puis aussi il riait de son inquiétude et de son ton paternel, car lui-même n’avait que trente-neuf ans, c’est la jeunesse encore, la force, le plaisir ; mais c’est déjà le temps compté, les beaux jours, les belles nuits