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LA DOMINATION

pensée ; mais en rentrant chez lui, dans la douceur de ce soir-là, il demanda à Élisabeth, avec une voix si tremblante qu’elle en fut surprise :

— Est-ce que vous vous ennuyez, petite ?…

Elle répondit que non, qu’elle ne s’ennuyait pas auprès de lui ; mais il lui demandait encore si elle ne voulait rien, si elle ne voulait pas se distraire et causer, si elle ne voudrait pas voir quelquefois André Charmes…

Et elle, gênée, ne savait que dire à Antoine ; elle l’avait vu si troublé pour deux lettres qu’elle avait reçues du jeune homme qu’elle murmura :

— Je ne sais pas ; j’aurais peut-être voulu causer quelquefois avec lui, il est intelligent, il m’a fait de jolis vers, mais je crois que cela vous fâche…

Et il s’écria avec tant d’ardeur, d’étonnement et de sincérité : « Comment puis-je