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LA DOMINATION

Les enfants mentent, les femmes mentent pour éviter les reproches, et leur visage ne perd pas de sa candeur : le mensonge c’est une sincérité que l’on a avec soi-même. Quand Antoine se fût trouvé sans cesse sur le chemin des jeunes gens, pouvait-il empêcher que leurs lèvres, sous ses yeux mêmes, ne préméditassent le baiser ? pouvait-il empêcher qu’Élisabeth ne désirât le jeune homme, que par l’esprit elle ne l’absorbât, et qu’ainsi elle ne mêlât à son rêve et à son sang ce délicieux fruit humain ?

Il les laissait ensemble. La lassitude qu’éprouvait Élisabeth lui rendait sensible et gracieuse la chaste présence d’André.

Et Antoine voyait bien ce que pouvaient être ces entretiens : séances de légers discours, où l’adolescent veut étonner, où la jeune fille veut éblouir. Mais que cette pureté fût évidente, il ne s’en réjouissait même pas.