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LA DOMINATION

L’hiver passa ainsi. Le soir de mars où André Charmes annonça qu’il partait pour Constantinople, ses parents le destinant à la carrière diplomatique, Antoine s’effraya. Comment Élisabeth, fragile, malade, maintenant il le voyait, supporterait-elle l’absence de ce délicat compagnon ?

Et la dernière soirée que les jeunes gens passaient ensemble parut à Antoine Arnault si insignifiante, qu’il s’irrita d’avoir tant souffert par eux. Ils n’étaient pas même émus, semblait-il, autant que de nouveaux fiancés qui se sont promis leur âme, et qu’un destin cruel sépare.

Comme il ne restait plus que quelques moments avant les adieux du jeune homme, Antoine prit plaisir à les quitter, à supposer leurs mièvres propos, leur malaise, leur embarras.

Il faisait clair encore dans la pièce par ce crépuscule de mars. Élisabeth regardait An-