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LA DOMINATION

femmes, elle boit nos fièvres, elle en reste saturée, ainsi de douces oranges, ayant aspiré les vapeurs des marais, mêlent ce venin au sucre innocent de leur chair.

» Martin, je veux vivre, je veux vivre et chanter par-dessus les monts et les eaux. Que mon jeune siècle s’élance comme une colonne pourprée, et porte à son sommet mon image ! »

Lorsque Antoine Arnault eut achevé cette lettre, il la relut et en fut satisfait. Il se demandait s’il allait l’envoyer à son ami ou la joindre aux feuillets qui composeraient son prochain ouvrage. Mais comme en cet instant il se moquait sincèrement de la littérature, il l’adressa, sans en faire de copie, à Martin Lenôtre.

Puis, comme l’heure du repas approchait, il s’habilla et rejoignit son hôte. Les réunions de la journée et du soir se tenaient dans une fraîche salle boisée. Celui que l’on vénérait